Préface.
Etant donné la ferveur dont font preuve certaines joueurs de l'Union, je m'y mets à mon tour.
Afin de faire simple, je vais réutiliser une ébauche de roman que j'avais préparé le 17 mai 2004, à partir de l'un de mes rêves. Je n'étais pas encore sur l'Union à cette époque, mais cela ne change rien.
Le titre "le Sacrifice" dit à la fois beaucoup, et peu de choses. De toute manière, vous découvrirez l'ensemble au fil de l'écriture.
Bonne lecture !
Prologue.
Je regarde ces gens qui ne reviendront jamais chez eux. La fatalité a souvent un air de résignation. Je comprend leur tristesse, leur désespoir, leur renoncement. Une sorte d'abandon résigné, mais dont le choix ne leur a jamais appartenu.
Que dire ? Que faire ? La situation se passe de mot. Chacun sait quel est sa voie, quel est son choix. Chacun connaît sa destinée. Ils ne se demandent pas où ils iront, ils ne demandent plus rien. Leur avenir est tracé. Leur route est écrite.
Je laisse une dernière fois mon regard vagabonder sur cette grande salle, où nous sommes rassemblés. Quelques-uns discutent encore dans un coin, partageant sans doute des souvenirs heureux, des souvenirs qui mourront en même temps qu'eux.
Mais je n'ai pas l'âme à les rejoindre. J'étais là, il y a peu, près de la navette d'évacuation. Les uns après les autres, dans une sorte de frénésie dénaturée par le lieu, la majorité de ceux qui s'étaient échoués ici embarquaient à bord du véhicule de sauvetage. Cette navette leur sauverait la vie.
Elle causerait ma mort.
Ils promettent de revenir, mais ils n’en auront pas le temps. Et nous le savons parfaitement.
Et avec ma mort, celles de ces hommes et de ces femmes présents dans la salle suivraient.
Puis-je dire que, nous ayons vraiment eu le choix ? Ou est-ce une suite d'événements, dont le résultat fut cette fin prochaine ? Qui aurait pu prévoir ce qui est arrivé ici ? Personne probablement. Et encore moins ceux qui nous y avait envoyé...
Je sens une présence dans mon dos, on s'approche de moi. Il s'agit probablement de Cha, celle qui a fini par représenter tellement à mes yeux. Et dire que je ne l'a connaissais même pas avant mon départ. Et dire qu'elle est tout pour moi, maintenant.
Il s’agit certainement de ce genre de surprise agréable qui vous surprend quand vous vous y attendez le moins...
- Loïc ? Tu viens ?
Loïc se retourna, quittant ses pensées.
- Tout ce que tu veux...
Elle l'entraîna un peu plus loin, ailleurs, dans un coin de la grande salle. Les lumières baignaient la pièce de leur éclairage puissant, mais bientôt, même cela serait terminé.
Tout sera bientôt fini pour nous... Je rejoindrais le Colonel, ses hommes, Aude et Théo et entre autres...
- Loïc ? Assis-toi.
Cha lui montra une caisse de fourniture abandonnée ici bien plus tôt, lors du départ. Il s'installa près d'elle.
- Je me disais que...
Il comprit où elle voulait en venir.
- ...Que nous devrions parler.
Elle ne répondit pas. Mais son regard était sans équivoque. Elle acquiesçait imperceptiblement.
- En effet...
Un profond silence s’installa, mais un silence lourd de sens. Ils n'en avaient probablement pas conscience. Cha et Loïc avait été si proche ces derniers jours...
- Cha, je crois que nous arrivons à la fin du voyage. Nous avons suivi une longue route pour en arriver là. Certains parmi nous sont morts, d'autres survivront. C'est fatal mais ce fut une grande expérience. Dommage que nous ne puissons pas la raconter à qui que ce soit...
Cha ne souriait pas. Elle avait, comme toute personne présente dans la grande salle, un visage grave.
Et ce visage ne te rend que plus jolie...
- D’autres s’en chargeront. Mais oui, dommage. Tout est fini.
Elle plongea dans les yeux de Loïc l'un de ces regards qui rendent aveugle ou amoureux. Il eut un sourire triste.
- Tu sais, j'ai considérablement appris sur moi-même et sur beaucoup de choses ces derniers jours. J'ai compris le but de toute vie, j'ai appris ce qu'étais le sacrifice, j'ai vu des hommes accomplissant leur devoir jusqu'au bout...
Cher Colonel... Comment oublier ce que vous avez fait pour nous ? C'est tout simplement impossible. Sans votre courage, nous serions déjà tous morts et personne n'en aurait réchappé... Rien de tout ceci n’aurait pu être possible. Je ne serais pas là, assis près d’elle à lui parler, noyant mon regard dans ses yeux d’un gris délicieux...
- ...Au prix même de leur vie...
Il la regarda dans les yeux. Son cœur battait la chamade. Il allait lui dire. Il n’avait plus rien à perdre.
- Et... Je crois bien que je t'ai aimé...
Tout à coup, comme un flash lumineux, toutes ses décisions, toutes ses péripéties des derniers jours, lui revinrent à l'esprit.
Ce fut comme un grand rappel des artistes sur la scène, pendant le crépitement des applaudissements, et avant la tombée du rideau. Un rideau qui marque bien souvent la fin d'une époque. Et le début d'une ère nouvelle.
Je ne regrette rien...